Oubliez raclette et fondue : pourquoi la matouille savoyarde va devenir votre plat d’hiver le plus simple et le plus réconfortant

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Vous pensiez avoir fait le tour des plats d’hiver au fromage. Puis vous tombez sur la matouille savoyarde… et soudain, la raclette et la fondue paraissent presque compliquées. Un seul plat, quatre ingrédients, un four, une bonne odeur de chalet dans toute la maison, et tout le monde qui se ressert en silence, le sourire aux lèvres.

La matouille, ce plat savoyard discret qui fait de l’ombre à la raclette

Dans le massif des Bauges, en Savoie, la matouille n’a rien d’un plat à touristes. C’est une recette de montagne, pensée pour réchauffer vite et bien, avec le minimum de vaisselle et le maximum de réconfort.

Imaginez la scène. Une grande table d’hiver. Au centre, un plat où une Tome des Bauges entière gonfle doucement, la surface qui ondule, le cœur qui devient presque liquide. Autour, des pommes de terre brûlantes, un peu de charcuterie, une salade verte toute simple. Vous servez, vous nappez, vous recommencez.

Pas d’appareil à raclette à installer. Pas de caquelon à surveiller. Pas dix poêlons brûlants qui s’accumulent sur la table. Avec la matouille, vous enfournez le fromage, vous faites cuire les pommes de terre. Et vous êtes déjà presque tranquille. Pour une soirée d’hiver après le ski ou une longue journée de travail, cela change réellement la donne.

Pourquoi la matouille peut détrôner raclette et fondue

Raclette, fondue, tartiflette… vous les connaissez par cœur. La matouille savoyarde, elle, joue une autre carte. Moins de préparation, moins de matériel, mais un plaisir en bouche tout aussi intense.

Le fromage reste au four, bien à l’abri. Pas de risque qu’il accroche au fond d’une casserole. Pas besoin non plus de rester debout en cuisine. Vous pouvez vous asseoir, discuter, profiter de vos invités. Le plat fait le travail pour vous.

Et surtout, chacun mange à son rythme. Certains nappent généreusement leurs pommes de terre, d’autres trempent juste un petit morceau. Cela reste convivial, ludique, très chaleureux, sans la petite tension de la fondue qui refroidit ou de l’appareil à raclette qui surcharge la table.

Les 4 ingrédients indispensables de la véritable matouille savoyarde

La force de ce plat, c’est sa simplicité. Peu d’ingrédients, mais tous choisis avec soin. Pour 4 personnes, prévoyez :

  • 1 Tome des Bauges AOP entière d’environ 1 kg
  • 2 à 3 gousses d’ail
  • 150 ml de vin blanc de Savoie (environ 1 verre)
  • 5 grosses pommes de terre à chair ferme (environ 1,2 kg au total)

La Tome des Bauges AOP est le cœur du plat. Sa croûte grise et épaisse protège une pâte souple, qui fond lentement et développe un parfum boisé, très franc. En cuisant, elle devient une sorte de crème chaude et coulante que l’on vient chercher à la cuillère.

Pour les pommes de terre, choisissez des variétés à chair ferme comme Charlotte, Amandine ou Annabelle. Elles tiennent bien à la cuisson et restent faciles à couper sans se déliter.

Recette de la matouille savoyarde : la méthode simple, pas à pas

Comptez environ 40 minutes en tout. Le temps de mettre le four à chauffer, de préparer le fromage et de cuire les pommes de terre. Pendant ce temps, la maison commence déjà à sentir le fromage chaud et l’ail. Ambiance chalet garantie.

1. Préparer le fromage et le plat

Choisissez un plat juste à la taille de votre tome. S’il est trop grand, le fromage s’étale et fond moins régulièrement. S’il est trop petit, il risque de déborder.

Placez la tome entière dans le plat, croûte vers le haut. Avec un couteau bien tranchant, retirez uniquement la croûte du dessus, comme si vous enleviez un chapeau. Laissez la croûte sur les côtés. Elle sert de « barrière » pour maintenir le fromage quand il devient très coulant.

2. Assaisonner et enfourner

Avec la pointe du couteau, faites 2 à 3 incisions dans la pâte. Glissez un morceau de gousse d’ail dans chaque ouverture, sans les enfoncer trop profondément. L’ail va parfumer le fromage sans le dominer.

Versez ensuite les 150 ml de vin blanc de Savoie sur le dessus du fromage et dans le fond du plat. Enfournez à 180 °C (thermostat 6) pour environ 30 à 35 minutes.

Surveillez la fin de cuisson. La surface doit se bomber légèrement, former des vagues. C’est le signe que l’intérieur est bien fondu et parfaitement coulant.

3. Cuire les pommes de terre à côté

Pendant que la tome est au four, lavez soigneusement les 5 grosses pommes de terre. Gardez la peau si elle est belle, sinon épluchez-les. Placez-les dans une grande casserole d’eau froide salée.

Portez à ébullition, puis baissez le feu et laissez cuire 20 à 25 minutes. La lame d’un couteau doit s’enfoncer facilement. Égouttez, gardez les pommes de terre entières et couvrez pour qu’elles restent bien chaudes. Une pomme de terre tiède accroche beaucoup moins bien le fromage.

Comment servir la matouille pour un vrai effet « wahou » à table

Au moment de servir, posez le plat brûlant au centre de la table, sur un dessous de plat solide. La croûte légèrement dorée, le fromage qui ondule dessous… visuellement, c’est déjà très fort. Et le parfum finit de convaincre tout le monde.

Ensuite, deux manières de faire coexistent. À vous de choisir selon vos invités, ou de proposer les deux.

Option 1 : tremper comme une fondue

Les amateurs d’ambiance « fondue » préfèrent garder leurs pommes de terre entières ou coupées simplement en deux. Chacun pique un morceau avec sa fourchette et vient le plonger dans le fromage directement dans le plat.

C’est très convivial. On parle, on rit, on partage la même source de fromage. Il suffit juste de rappeler que le plat est extrêmement chaud, surtout s’il y a des enfants à table.

Option 2 : napper directement dans l’assiette

D’autres préfèrent une approche plus « confort ». Ils coupent les pommes de terre en gros cubes dans leur assiette. Puis ils viennent chercher le fromage à la cuillère pour en recouvrir généreusement chaque morceau.

Visuellement, c’est impressionnant. Une assiette remplie de pommes de terre sous une couche épaisse de Tome des Bauges fondue, c’est le genre d’image qui réchauffe rien qu’en la regardant.

Quels accompagnements pour une matouille vraiment généreuse ?

La matouille se suffit presque à elle-même. Pourtant, ce sont les petits accompagnements bien choisis qui la rendent inoubliable. L’idée est de rester simple, mais très franc dans les goûts.

  • Charcuterie : jambon blanc épais, jambon de Savoie fumé, saucisson sec, rosette, voire viande des Grisons si vous aimez les saveurs plus fines
  • Salade verte croquante : laitue, batavia ou feuille de chêne, avec une vinaigrette bien moutardée pour réveiller le palais
  • Cornichons et petits oignons au vinaigre : leur acidité casse la richesse du fromage et évite la lourdeur
  • Poivre du moulin : un tour de moulin sur les pommes de terre nappées, juste avant de servir

Si vous recevez plusieurs invités, n’hésitez pas à prévoir large en charcuterie et en salade. Sur ce type de plat, il est rare qu’il reste quelque chose. Et les convives se resservent souvent « pour la route », même quand ils disent ne plus avoir faim.

La variante étonnante : la « matouille de Mandrin »

Vous aimez l’idée, mais vous avez envie de surprendre un peu plus. Une version très appréciée, surtout quand il fait très froid, est la matouille de Mandrin. Le principe reste presque identique, mais deux éléments changent.

  • Le vin blanc de Savoie est remplacé par 150 ml de cidre, doux ou brut selon votre goût.
  • Les pommes de terre laissent la place à environ 1,2 kg de pommes reinettes, légèrement acidulées.

Le cidre apporte une note fruitée, plus ronde, avec un léger côté sucré qui s’accorde très bien avec la tome. Les pommes reinettes, cuites au four ou revenues à la poêle en quartiers, créent un contraste sucré-salé très confortable.

Le résultat rappelle certains plats montagnards suisses, mais avec ce caractère savoyard très marqué. Un peu rustique, très chaleureux, parfait pour un dîner d’hiver un peu différent.

Conseils pratiques pour réussir votre matouille à tous les coups

Quelques détails font vraiment la différence entre une matouille correcte et une matouille dont vos invités parleront tout l’hiver.

  • Choisissez une Tome des Bauges AOP ni trop jeune ni trop vieille. Trop fraîche, elle sera plus fade. Trop affinée, elle risque de devenir un peu trop forte pour certains.
  • Restez sur des pommes de terre à chair ferme. Elles absorbent bien le fromage sans se transformer en purée.
  • Adaptez parfaitement la taille du plat à celle du fromage. Cela concentre la chaleur et garantit une fonte homogène.
  • Servez dès la sortie du four. Le fromage est à sa texture idéale lorsqu’il est très chaud. En refroidissant, il s’épaissit vite.
  • Prévoyez une bouteille du même vin blanc de Savoie ou de cidre que celui utilisé en cuisson. L’accord à table est alors naturel et très harmonieux.

Après une ou deux soirées passées autour d’une bonne matouille, vous risquez de le constater. La phrase « on fait une raclette ce soir » laisse doucement la place à « et si l’on faisait une matouille ». Un plat plus simple, plus direct, mais tout aussi généreux. Exactement ce que l’on recherche pour traverser l’hiver sans perdre le sourire.

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